Syndicat des Cadres Supérieurs des Finances Publiques

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La lettre aux maires à laquelle vous avez échappé #traduisons_notre_ministre

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  • Le 28/03/2019

maison à l'envers Cher(e)s collègues,

Le Ministre de l’action et des comptes publics vient d’envoyer aux numéro 1 départementaux un projet de lettre aux élus locaux des grandes collectivités pour « vendre » la dernière trouvaille des directeurs de la DGFIP : l’agent comptable du secteur public local.

Fin 2018, notre Directeur Général, qui ne rêve que de se débarrasser de cette mission, avait déjà fait le forcing auprès de ses n°1 pour qu’ils démarchent toutes les collectivités susceptibles d’être concernées.... sans aucun succès ! La faute à un projet mal conçu qui consiste, au final, à faire payer très cher aux collectivités le droit de choisir leur comptable pour financer nos propres suppressions d’emplois.

Devant le manque d’intérêt total (et parfaitement logique) des collectivités « cibles », le Ministre prend lui-même la plume pour convaincre nos édiles de " l’énorme " intérêt de cette réforme.

On notera au passage, avec une certaine indignation, que le profond mépris qu’a notre DG pour les comptables publics locaux et leurs équipes se retrouve dans le courrier du ministre :

  • les agents de ces postes pourront être récupérés ou non – c’est à la carte  – par les collectivités expérimentatrices,
  • quant au comptable, le projet prévoit qu’il n’est pas forcément celui en place et surtout qu’il n’est pas forcément de la DGFIP… mais, que si les collectivités veulent le garder, la DGFIP propose une réduction de 50% sur son coût pendant la phase de test, sous réserve d’une adhésion rapide. Le cadre DGFIP proposé comme une « promo-flash » sur une plate-forme internet de vente, on touche le fond !

Le SCSFIP, premier syndicat des cadres de la DGFIP, vous propose donc une version « revisitée » et clarifiée de la lettre du Ministre

Madame, Monsieur le Maire,

Constatant la diminution incessante des moyens mis par la DGFIP pour assurer ses missions de conseil auprès de vous, vous avez développé en interne de nombreux processus de contrôle et de reporting pour disposer de l’information financière qui vous faisait défaut. Je m’en réjouis, cela a permis de continuer à baisser nos effectifs tout en optant pour des procédures de contrôles allégés qui contribuent bien souvent à déporter ledit contrôle sur vos propres services.

Aujourd’hui, afin de continuer à vider nos services, réduire notre présence sur le territoire et diminuer drastiquement le nombre de nos comptables publics, nous vous proposons une nouvelle formule : celle de l’agent comptable du secteur public local.

Jugez-en plutôt : lui et ses services exerceront les mêmes missions et les mêmes contrôles mais vous pourrez les choisir … à vos frais ! Vous pourrez inclure ce surcoût dans le poste « comptable et finances », qui sera de toute façon appelé à augmenter pour couvrir les dizaines de milliers d’euros que je vous imposerai bientôt de verser à de grandes sociétés de commissaires aux comptes privés pour qu’ils valident artificiellement la fiabilité de cette comptabilité que la DGFIP ne tiendra plus pour vous.

Et tout cela dans quel but me direz-vous ? Mais bien évidemment celui « d’exercer une responsabilité complète sur votre activité comptable »… enfin, avec un agent comptable qui reste toujours pour l’instant responsable personnellement et pécuniairement mais cette responsabilité là, on envisage aussi de la reporter sur vous…

Afin de lever vos incompréhensibles réticences à payer un service autrefois gratuit, la DGFIP va se montrer particulièrement généreuse :

  • Pour cette réforme inspirée du modèle des établissements publics nationaux qui fonctionnent tous avec des progiciels de gestion intégrés (et des agents comptables qui restent seuls responsables de l’activité comptable), la DGFIP va vous mettre à disposition gratuitement l’application Hélios qui est déjà interfacé avec vos logiciels et que vous ne payez déjà pas. De même pour tous les logiciels libres qui équipent les postes DGFIP.
  • Au cas où la DGFIP serait propriétaire des locaux actuels, nous accepterions de retarder leur vente… jusqu’à ce que vous trouviez des bureaux.
  • L’équipement informatique serait également mis à votre disposition. En sachant que l’âge moyen de ces appareils est de 7 ans et qu’ils sont depuis longtemps amortis, on peut espérer que vous n’auriez pas à les changer tout de suite, mais plutôt après la signature de la convention.
  • Notez que par le biais de votre obligation de dépôt de fonds au Trésor, l’Etat conserve la mainmise sur votre trésorerie, il faut rester sérieux tout de même.

Vous n’auriez donc à supporter – immédiatement en tout cas – que les coûts de personnel. C’est bien connu, ce ne sont pas les charges les plus élevées dans nos services administratifs. Ah oui ! et puis aussi un peu les frais de ménage, puis la maintenance informatique, les assurances, la sécurité et l’entretien des locaux : des bricoles !

Tant que j’y pense, il semblerait possible que certains d’entre vous trouvent que leur comptable actuel et son équipe ne sont pas si mal, font bien le boulot dans des circonstances pas toujours évidentes et qu’il pourrait devenir cet agent comptable. Etant leur ministre, cela ne m’avait jamais traversé l’esprit, mais si vous tenez réellement à le garder, la DGFIP pourrait aussi faire un geste en vous proposant 50/50 pour sa rémunération (mais pas pour l’équipe hein, ça c’est pour vous), à saisir, mais vite, l’offre expire à la fin du mois.

Sur ce, nul doute que vous serez conquis par cette affaire en or, je vous invite à contacter votre DRFIP pendant qu’avec la DGFIP nous cherchons quelles missions nous pourrions également tenter de vendre à la découpe.

Documents en téléchargement

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la lettre du Ministre aux maires

 

 

 
 
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